Le créole guadeloupéen est une langue complexe et riche, qui reflète l’histoire et la culture de la Guadeloupe. Il est issu du mot portugais « crioullo » et est l’un des nombreux créoles existants dans le monde.
Particularités du créole guadeloupéen
Phonétique et grammaire
Le créole guadeloupéen possède des caractéristiques uniques en matière de prononciation et de grammaire, comme des sonorités anglaises, portugaises et néerlandaises. Ces particularités sont le résultat des influences linguistiques des différentes cultures qui ont coexisté dans l’île au fil des siècles. Le système phonologique du créole guadeloupéen comprend 7 voyelles orales et 3 voyelles nasales, qui peuvent varier dans certaines zones. Les consonnes sont au nombre de 19, et comme les voyelles, les prononciations peuvent également varier selon les contextes.
Le Vocabulaire
Le créole guadeloupéen possède des mots et des expressions qui le distinguent des autres dialectes créoles, comme des termes d’origine africaine, antillaise, française, anglaise, portugaise et néerlandaise.
Français | Créole guadeloupéen |
---|---|
Bonjour / Bonsoir | Bonjou/Bonswa |
Comment allez-vous ? | Ka ou fè ? / Ki jan aw |
Très bien, merci, et vous ? | Bien mèsi, é zot ? |
Parlez-vous français/anglais ? | Ou ka Palé fwansé/anglé ? |
Je comprends/ Je ne comprends pas | An ka kompwend/ An pa ka kompwann |
Pardon | Padon |
Au revoir | Ovwa / Adan on dot soley |
Bienvenue | Bonvini |
Merci (beaucoup) | Mési (onpil) |
Excusez-moi/SVP | Eskisé mwen/tanpri-souplé |
Je suis Français(e) | An fransez |
Je m’appelle… | Non an mwen sé |
Non merci | Awa mèsi |
Oui/Non | Si (wè)/Awa |
Le créole guadeloupéen est riche en proverbes, jeux de mots et expressions culturelles qui reflètent les croyances et les pratiques de la Guadeloupe. Ces expressions sont un élément clé de l’identité culturelle de l’île et permettent aux locuteurs de comprendre les nuances et les sous-entendus de la langue.
Voici quelques exemples de proverbes guadeloupéens avec leur signification :
Proverbes | Traduction | Moralité |
---|---|---|
A pa janti ou ka mèt adan kannari a-w | Ce n’est pas de la gentillesse que tu mets dans ta marmite. | La gentillesse ne nourrit pas. |
A pa jou chat maché , i kenbé rat. | Ce n’est pas le jour où le chat se met en chasse qu’il attrape un rat. | Tous les jours de chasse ne sont pas des jours de prise ; il faut laisser du temps au temps. |
A pa jou pyébwa tonbé an dlo i ka pouri | Ce n’est pas le jour où l’arbre tombe à l’eau qu’il pourrit. | Les conséquences ne suivent pas immédiatement les causes.On ne paye pas de suite les conséquences de nos actes. |
A pa jwèt ka touné, sé van. | Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. | Il ne faut pas se fier aux apparences. |
A pa lè ou fen pou mété manjé si difé. | Ce n’est pas au moment où tu as faim que tu fais cuire ton repas. | Il faut savoir être prévoyant. |
A pa lè ou vlé pisé pou ou chonjé pa ni bragyèt. | Ce n’est pas au moment où tu veux pisser que tu dois songer que tu n’as pas de braguette. | Il faut savoir être prévoyant. |
A pa makak ou ké aprann monté piébwa. | Ce n’est pas au singe que tu apprends à grimper aux arbres. | Ce n’est pas à quelqu’un d’expérimenté qu’on en apprend sur son domaine. |
Quelques inultes en créole guadeloupéen
Ti Tèt Cal
Pour tout vous dire, je pense qu’il s’agit là d’une des insultes en créole guadeloupéen les plus sexistes. La traduction française pourrait être « Petite bite ». Cette expression est très répandue sur l’île.
Ou Santi Kaka
Si quelqu’un sent mauvais, c’est l’expression à utiliser pour le lui faire savoir. La traduction littérale est « Tu sens mauvais ».
Bonda Manmanw
La traduction littérale est : “le cul de ta mère”. Il s’agit d’une insulte extrêmement vulgaire, qui peut être traduit par “va te faire foutre”. Largement utilisée en Martinique, l’expression est aussi employée en Guadeloupe.
Couniamanmanw
Cette insulte à la même signification que la précédente. Toutefois, elle est bien plus utilisée en Guadeloupe. En réalité, sa signification a largement évoluée depuis l’époque de l’esclavage.
En effet, l’insulte se traduit littéralement par “le cou nu de ta mère” et fait référence à la pauvreté d’une famille, soulignée par l’absence de bijoux chez la mère.
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Origine et évolution du créole guadeloupéen
Le créole guadeloupéen est né durant la période esclavagiste, lorsque les colons français ont importé massivement des esclaves venant d’Afrique de l’Ouest pour travailler dans les plantations. Cette population métissée a développé sa propre langue, en mélangeant l’influence linguistique des esclaves avec le français standard imposé comme langue de communication au quotidien.
Au fil du temps, le vocabulaire usuel a été acquis par la répétition, mais la prononciation et certaines caractéristiques de la langue ont évolué. La syntaxe du français n’a pas été facilement assimilée, ce qui a conduit à une langue ayant sa propre sonorité, basée sur le français standard, mais avec des structures proches des langues africaines.
Toutefois, l’évolution du créole guadeloupéen a été influencée par différentes langues parlées sur l’île au fil des ans, comme le français, l’anglais, le portugais, et le néerlandais. Il est également similaire aux autres créoles des Antilles, comme le créole guyanais, haïtien, martiniquais, saintois, on parle même d’un seul créole antillais.
L’importance du créole
Le créole guadeloupéen est un élément central de la culture et de l’identité de la communauté guadeloupéenne. Il est utilisé dans de nombreux domaines de la vie, tels que la famille, l’éducation, la religion et la culture. Auparavant, le créole était considéré comme un « baragouin » ou un « français corrompu » et n’était pas reconnu comme une langue légitime. Cependant, grâce aux efforts des intellectuels tels qu’Aimé Césaire ou Patrick Chamoiseau, le créole est maintenant enseigné dans les écoles et à l’université et est reconnu comme le symbole du métissage culturel caribéen.
Il est important de noter que le créole guadeloupéen est un produit de l’histoire coloniale de la région, résultant de la rencontre entre les langues des colons européens, des esclaves africains et des langues autochtones. Il était utilisé comme une langue commune pour la communication et les échanges commerciaux entre ces différentes communautés.
Aujourd’hui, le créole guadeloupéen est parlé par des centaines de milliers de personnes dans la région et joue un rôle important dans la préservation de l’identité culturelle de la Guadeloupe. Il est important de le valoriser et de le protéger pour que les générations futures puissent continuer à en bénéficier.
La préservation de la langue
La préservation du créole guadeloupéen est un enjeu important pour maintenir l’identité culturelle de la communauté guadeloupéenne. Des personnalités telles que Jean Bernabé, agrégé de grammaire et docteur d’Etat en linguistique, professeur de Langues et Cultures Régionales à l’Université des Antilles et de la Guyane, et fondateur du GEREC-F (Groupe de recherches et d’études en espace créole et francophone), ont joué un rôle clé dans la préservation de la langue en mettant en place des systèmes d’écriture standard pour le créole. Ces systèmes ont eu une ambition intégratrice pour les créoles à base lexicale française.
L’enseignement du créole dans les écoles et universités, ainsi que l’introduction de CAPES de Créole, ont également contribué à la préservation de cette langue, qui est maintenant reconnue comme une langue légitime. Cependant, il est important de noter que l’utilisation de cette langue dépendra toujours des pratiques individuelles et il est donc important de continuer à promouvoir son utilisation pour garantir sa survie à long terme.
Questions fréquemment posées
Comment on dit je t’aime en créole Guadeloupe ?
Mwen enméw signifie je t’aime en créole guadeloupéen.
Comment on dit bonjour en créole Guadeloupe ?
On dit Bonjou/Bonswa pour dire bonjour en bonsoir en créole.
Comment dire faire l’amour en créole ?
« Koké » est le mot utilisé pour dire « faire l’amour » en créole guadeloupéen. Il est issu de l’argot français du 16ème siècle, utilisé pour trahir en faisant croire qu’on est un ami. Il a évolué pour devenir synonyme de « baiser » (faire l’amour) avec les premiers colons arrivés dans l’île. Les esclaves ont également adopté ce mot pour s’en servir dans leur communication.
Comment dire ma femme en créole ?
En créole guadeloupéen, “ma femme” se traduit littéralement par “fanm an mwen”, ou “madanm an mwen” (comprenez ma madame) pour signifier un lien de mariage.
Comment dire tu es belle en créole ?
Pour dire “tu es belle” en créole guadeloupéen, on dit “ou bèl”.